Pfizer fait des profits sans honte sur fond de pandémie

Le capitalisme est un charognard. Quand le monde périclite, ses vautours se nourrissent du désespoir de la population. La compagnie pharmaceutique Pfizer n’en est que la plus sordide illustration.

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Lénine a dit un jour que “la guerre est terriblement, terriblement profitable”. La pandémie actuelle de COVID-19 est à la hauteur d’une guerre, non seulement par les vies qu’elle a prises, mais aussi par la manne grotesque qu’elle a procurée aux profiteurs capitalistes. La société américaine Pfizer est apparue comme l’exemple le plus flagrant de l’exploitation d’une horrible crise sanitaire.

Connue d’abord pour avoir fait fortune avec l’invention du Viagra, le nom de Pfizer évoque aujourd’hui l’un des vaccins les plus efficaces contre le Covid-19 -bien que l’entreprise n’aie pas été à l’origine de la technologie utilisée. À y regarder de plus près, les profits engendrés à la suite de cette commercialisation ont tout d’une prise d’otage.

Une aubaine pour la pharma

En 2022, les revenus de Pfizer pourraient culminer à plus de 100 milliards de dollars : “l’aubaine d’une époque”, comme la décrit Geoffrey Porges, directeur de la banque SVP Leerink. En effet, ces chiffres représentent une croissance de près de 100%, et une marge de profit de 20% pour l’entreprise. Au premier trimestre 2021, Pfizer empochait 900 millions de dollars de profit. Ensemble, les plus grandes entreprises de vaccins (Pfizer, BioNTech et Moderna) ont engrangé $7,000 de bénéfices dans le laps de temps qu’il vous aura fallu pour lire cette phrase.

Dans le cas de Pfizer, la source de ces revenus vient des 2.3 milliards de doses que l’entreprise a vendu aux gouvernements du monde entier. Pourtant, Pfizer n’a nullement contribué à la recherche et au développement de la substance, qui s’avère efficace contre le coronavirus à plus de 90%. Loin d’une innovation enfantée par le libre-marché comme aiment le répéter les hérauts libéraux, la recherche sur le vaccin Pfizer a été dopée à hauteur de 375 millions d’euros par le gouvernement allemand. “Le vaccin n’est même pas celui de Pfizer. C’est le plus grand coup marketing de l’histoire pharmaceutique”, confie au Financial Times un ex-officiel du gouvernement américain.

Alors, pourquoi l’entreprise a-t-elle pu estampiller la technologie de l’ARN messager de sa marque ? Parce que Pfizer possède à elle seule les moyens de produire la substance en masse. En d’autres termes, l’unique fait que Pfizer soit propriétaire des moyens de produire le vaccin lui confère la propriété privée d’une découverte scientifique financée par de l’argent public.

Profits maximaux

Ayant sécurisé le contrôle sur la formule, Pfizer a pu dicter les règles en matière de distribution du vaccin, avec pour leitmotiv explicite de maximiser ses profits, et ce, aux dépens d’une lutte efficace contre le virus.

Notons qu’initialement, il était demandé au gouvernement américain de payer 200$ par lot de deux doses. Le prix a finalement été abaissé à 19,5$ par dose, contre un coût de production d’un peu plus d’un dollar. Les profits sont colossaux, et l’entreprise à quand même augmenté ses prix à mesure que la pandémie progressait. En Europe, les 15.50 € convenus initialement ont été revus à la hausse : 19.50 € par dose. La Commission Européenne s’est vue dans l’obligation d’accepter. Même manœuvre commerciale au Royaume-Uni : 22£ par dose, au lieu des 18£ prévus initialement.

Comme le révèle un récent documentaire, le gouvernement britannique a même donné à Pfizer une forme d’immunité juridique, protégeant l’entreprise d’actions légales à son encontre dans le pays. En cas de litiges, ceux-ci doivent être traités par un comité “indépendant”, au sein duquel Pfizer a le droit de placer des membres de son personnel. Le flou juridique est total : l’entreprise qui a pu se nourrir grâce à l’argent du contribuable empêche maintenant ce même contribuable d’avoir un droit de regard sur les régulations en jeu. La boucle est bouclée.

De toute évidence, de nombreux gouvernements du monde ne peuvent pas s’aligner aux prix faramineux de Pfizer, ce qui explique pourquoi la majorité des produits efficaces contre le vaccin est revenue aux pays riches. Selon le Financial Times, 66% de la population des pays du G7 ont reçu deux doses du vaccin, contre 6% seulement de la population de tout le continent africain.

Pendant ce temps, Pfizer a confié un maigre 2% de sa production de vaccins au programme COVAX : une initiative des Nations Unies ayant pour but d’assurer un accès équitable à la vaccination contre le Covid-19 dans 200 pays à faibles revenus. Laisser une partie de la population mondiale sans accès au vaccin est non seulement condamnable en soi, mais il s’agit également d’un frein à l’endiguement de la pandémie. Cet effet est maintenant bien documenté : la libre circulation du virus permet sa mutabilité (des variants), et lui permet de surmonter l’immunité conférée par de précédentes infections et par la vaccination. La menace Omicron en est le résultat, et les compagnies pharmaceutiques comme Pfizer, appuyée par des institutions internationales qui refusent de lever les brevets, en sont largement responsables.

Il est en fait dans l’intérêt direct de ces entreprises que la pandémie traîne en longueur. Les doses de rappels sont une injection de revenus supplémentaires. Il est estimé que les doses de rappel pourraient fournir à Pfizer 26 milliards de dollars additionnels en ventes, et 7 milliards de dollars en profits. Son directeur Albert Bourla s’empresse déjà de conseiller une quatrième dose. Laisser la tâche de vacciner le monde à ceux qui ne veulent que maximiser leur profit ne fait qu’attiser un scepticisme généralisé.

Pire encore, Pfizer a aussi activement contribué à répandre des fausses informations servant à discréditer ses compétiteurs. Le documentaire de Channel 4 a également révélé que Pfizer a mandaté des prétendus experts afin de s’exprimer dans des groupes de recherche sur le vaccin au Canada. Ceux-ci auraient avancé, sans preuves fondées, que le vaccin Astrazeneca (bien moins cher) est susceptible de provoquer des cancers, et qu’il n’est pas sûr pour des patients immunosupprimés.

Le scepticisme de la population est compréhensible, mais il pousse un grand nombre de personnes à refuser la vaccination tout entière. L’intérêt de Pfizer d’évincer ses concurrents ne fait que mettre de l’huile sur le feu des discours complotistes.

Vaccins bâclés

Si la production de vaccins avait été amorcée dès les premiers signes de la pandémie, et si la distribution avait été effectuée librement dans le cadre d’un effort global et coordonné, la pandémie aurait déjà touché à sa fin. Au lieu de cela, nous assistons depuis le début au spectacle aberrant du nationalisme sanitaire, pendant que la propriété privée accordée aux entreprises pharmaceutiques leur donne le droit de gérer elles-mêmes le niveau de production de vaccins afin d’assouvir leurs propres intérêts et conserver jalousement la technologie derrière son produit. Au lieu d’accroître la production dans le but de vacciner la population toute entière, Pfizer et les autres compagnies pharmaceutiques ont simplement produit à un rythme qui leur permettait d’assurer leur profit. Ce fait a été exposé par l’administration Biden qui, ayant annoncé une expansion de la production de vaccins, n’a en réalité que négocié le prix que coûterait une telle expansion au gouvernement américain.

Par ailleurs, Pfizer est le plus farouche défenseur du brevet sur les vaccins, et se rend responsable de leur prix démesuré et de leur très mauvaise distribution. Sans les brevets, Pfizer perdrait son monopole et son levier de négociation auprès des gouvernements : ce n’est pas bon pour les affaires. Nous sommes donc dans une situation où des entreprises privées accaparent le matériel et les techniques qui auraient pu permettre l’éradication du virus il y a des mois de cela. Tous ces faits sont la preuve qu’il faut immédiatement placer les infrastructures pharmaceutiques sous le contrôle de l’État, afin qu’elles puissent être employées pour la une production suffisante de vaccins pour le monde entier, dans le cadre d’une planification internationale. Cela serait le chemin le plus court et efficace pour éradiquer la pandémie. Bien sûr, aucun gouvernement capitaliste au monde ne fera le premier pas dans cette direction, qui violerait la sacro-sainte propriété privée. Il revient donc à la classe des travailleurs et des travailleuses de renverser l’aberration capitaliste, et de s’atteler à bâtir le socialisme et les bases d’une économie démocratiquement planifiée.

Étant donné l’urgence de la situation, arracher les usines des mains des patrons est le seul moyen d’empêcher d’autres millions de morts.

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